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Photo du rédacteureva layani

Papa,

Je voudrais te raconter ces dernières semaines irréelles. Ce début du reste de nos vies, sans toi. Un mois. Presque rien et pourtant tout est différent. Des repas sans discours, sans modérateur, sans guide.

 

A Chabat, les garçons se partagent l’office et les enfants sont désormais en bout de table.  Personne ne prend ta place. Toutes nos histoires, nos pleurs, nos rires, nos silences parlent de toi.

 

Et ces premières fêtes sans toi…On dit que Roch Hashana c’est « zicaron le yom richon », le retour à l’origine. Une sorte de « re-naissance ». C’est ce que nous faisons aujourd’hui papa, nous renaissons, une deuxième fois grâce à toi. Ton départ nous fait replonger en enfance, dans tes apprentissages, dans les leçons de vie qui sont incrustées en nous et en nos enfants.

 

Pour te garder un peu plus avec nous, nous avons remonté de la cave tous ces albums photos, témoins de notre bonheur d’être ensemble. Les images d’hôpital s’effacent peu à peu et nous retrouvons notre papa de toujours, celui des mots justes, des jeux, des chemises hawaïennes, des lunettes noires, des sourires francs et du regard bienveillant.

 

Nous avons écouté toutes ces anecdotes sur toi, nous avons mieux compris le chemin que tu as parcouru pour t’élever socialement, spirituellement et même émotionnellement.

Cela nous a tellement marqué que c’est ce symbole que nous avons voulu garder de toi, ces mots qui désormais te résument, gravés sur ta dernière demeure.

 

Tu as grandi toute ta vie, avec l’aide infaillible de maman. Elle t’a montré d’abord le chemin de la tendresse et de l’amour inconditionnel, elle t’a donné le goût des fêtes, des amis nombreux. Elle t’a soutenu dans tous tes projets professionnels ou communautaires. C’est d’ailleurs ce que tu nous a dit lors de son dernier discours l’an dernier pour le renouvellement de vos vœux. Vous étiez un couple indissociable, un exemple pour nous tous.

 

Cela fait longtemps déjà que tu t’étais préparé à ce départ.

Tu as patiemment attendu la fin de nos vacances, que Mickael arrive de France, que nous fassions cette dernière soirée tous les cinq dans votre lit à nous remémorer nos souvenirs d’enfance.

Mais surtout, tu nous as dit, à chacun, tous les mots que nous avions besoin d’entendre, ces mots d’amour, d’encouragement, de remerciement.

 

Finalement, les mots qui me consolent le plus ne sont pas ceux où tu me dis que tu m’aimes, que tu es fier de moi et notamment de ce dernier accomplissement, ce roman tout juste achevé, que tu as lu en avant-première. Non, les mots qui calment ma tristesse sont ceux que tu m’as dit il y a plus de deux ans déjà et qui représentent pour moi la plus belle chose qu’on puisse espérer de la vie. Tu m’as dit ces mots exacts :

 

« Ma chérie, tu sais, je n’ai aucun regret. J’aime ta mère aujourd’hui comme je l’ai aimé le premier jour, je vous aime tes frères et toi d’un amour dont je ne me croyais pas capable, je suis fier de vous, j’ai connu, aimé et profité de six petits-enfants (tu as même eu un cadeau bonus avec la merveilleuse Tali née l’an dernier), j’ai été très entouré, j’ai aimé mon travail chaque jour de ma vie et nous n’avons jamais manqué de rien. »

 

Au revoir mon papa. Nos câlins, nos danses, nos discussions se sont arrêtées c’est vrai mais ton amour, tes conseils, tes enseignements nous suivront toujours. Et, ne t’inquiète pas, nous allons prendre soin de maman, et elle de nous. Je t’aime.

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