Ma mère est passionnée de fleurs de prestiges. Rares. Uniques. Magnifiques.
C’est pour cette raison qu’elle a appelé ma petite sœur Rose. Pas comme la rose rouge passionnée, ni la rose romantique, mais à l’effigie de la rose verte d’équateur.
La plus belle des roses, à la tige forte, au gros bouton et à la couleur intense.
Le vert des yeux de ma sœur.
Son cœur immense.
L’intensité de sa sensibilité.
Et la beauté de son âme.
Je trouve que son nom lui va tellement bien. Elle partage mon avis d’ailleurs. Le vert est sa couleur préférée. Elle passe des heures à choisir une nouvelle robe fleurie au vert forêt compatible avec sa poitrine généreuse, à se colorier ses petits yeux curieux d’un vert pastel et à entourer son cœur d’un vert Espoir.
Ma sœur est belle. Par naïveté de naissance, elle ne connaît que la beauté.
Elle ne comprend pas les codes, les non-dits, les apartés.
Elle ne comprend que la grâce de cœur, les sourires, les caresses.
Et je remercie le ciel de sa sagesse.
Mais moi, c’est différent.
Même endormie, j’entends encore le bruit crispant des médisances, je souffre encore de la claque des jugements des gens bienpensants.
Ceux qui ne voient rien d’autre que le front tordu, le corps disproportionné, le regard d’enfant.
Ceux qui n’entendent que les mots malhabiles, le manque de discernement et le rire désarmant.
Ceux qui n’osent pas toucher, s’approcher.
Oui ma sœur est différente. Qui ne l’est pas ?
Elle est plus pure. Voilà
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